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Dernière trouvaille de la Mairie de Paris : les bars comme agents régulateurs de l’espace public !

Décidément la Mairie de Paris ne sait plus quoi inventer pour faire plaisir aux lobby des bars. Dans un premier temps, Anne Hidalgo, maire de Paris, a promis qu’elle allait leur offrir les rues de Paris pour qu’ils étalent leurs terrasses sur les trottoirs et dans des rues fermées à la circulation à leur intention. Frédéric Hocquard, membre de l’équipe municipale d’Anne Hidalgo, en rajoute une couche sur le site de Trax et déclare : « On peut considérer les bars comme des agents régulateurs de l’espace public.” Si on suit son raisonnement, plus besoin de police, d’associations de riverains, les bars sont là!

L’article sur le site de Trax (des rues bientôt piétonnes pour agrandir les terrasses et faire de petits concerts) est accompagné d’une photo d’une terrasse bondée sur laquelle les clients sont à touche touche. Illustre-t-elle ce qui est grandement à prévoir? Les comportements inciviques et irresponsables qui ont été constatés le long du Canal Saint-Martin ou au Sacré Coeur augurent mal de la suite.

Les bars ne sont absolument pas aptes à gérer l’espace public et il n’est pas acceptable de même imaginer, surtout venant d’un élu, que les bars puissent être juges et parties dans cette période de crise sanitaire sur un sujet aussi sensible.

Le Réseau Vivre Paris! ne souhaite pas s’opposer au soutien des bars par la Mairie (voir notre article). Les associations de riverains sont dans leurs droits et dans leurs rôles d’exiger des contraintes fortes, fondées sur nos expériences passées du terrain. Nous exigeons que le projet d’Anne Hidalgo intègre des solutions crédibles pour faire régner l’ordre dans l’espace public, cet ordre qui est de la compétence de la Préfecture de Police, et non de la mairie.

Le Réseau Vivre Paris! s’inquiète depuis longtemps du parti pris de Frédéric Hocquard, adjoint d’Anne Hidalgo, qui ne manque pas une occasion de défendre les intérêts des bars au détriment de ceux des habitants de Paris (voir notre article). Il se vante sur Twitter « d’esquisser, avec d’autres, quelques pistes pour faire revivre, en douceur, la nuit parisienne« . Avec « d’autres« ? Les bars mais pas les Parisiens qui habitent aux dessus ou en face de ces bars. Priver les habitants de sommeil, les exposer à un risque de contamination, comment peut-on parler de « douceur« ? Qu’en pensent le ministre de l’intérieur, la Préfecture de Police, le ministre de la santé, les autorités sanitaires, le personnel soignant, les maires d’arrondissement?

Non au retour à l’anormal !

(mise à jour du 14 mai 2020)
Tsugi a publié un article qui en dit long sur l’interprétation des annonces de Mme la Maire de Paris, avec la piétonnisation de Paris, la fête pourrait se faire dans la rue, illustré d’une photo de foule dans une rue parisienne lors d’une fête de la musique. Exactement ce qu’il ne faudra pas faire une fois déconfinés.
Cet article reprend bien sûr le projet d’Anne Hidalgo, et son adjoint jusqu’au boutiste Frédéric Hocquard en rajoute une couche. Contacté par Tsugi, Frédéric Hocquard, adjoint à la Maire de Paris chargé de la vie nocturne, nous confirme que ces espaces pourraient également accueillir des concerts. « On n’a pas non plus envie que les rues se transforment simplement avec une grande table, une tireuse à bière et un comptoir. On voudrait qu’il puisse aussi y avoir des activités festives, musicales« , déclare-t-il. « Ces rues pourront servir à ce qu’il puisse y avoir des représentations artistiques. Pas forcément des concerts, ça peut être plein de choses, mais le concert n’est pas exclu. » Il évoque aussi les parcs et jardins, que la maire veut rouvrir dès que possible. « Ce qui ne va plus se passer en salle pendant un certain temps, on va le faire en extérieur. » Tout cela est irresponsable et effrayant. M. Le Préfet de police, M. le Ministre de la Santé, ne laissez pas les Parisiens exposés à des risques inutiles.


Canal Saint-Martin le 11 mai

L’exemple de ce qui s’est passé le long du Canal Saint-Martin au premier soir du déconfinement montre à quel point nos craintes sont fondées. BFM a montré des images qui en disent long sur le non respect des gestes barrières.

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a dû demander au préfet de police de Paris d’interdire la consommation d’alcool le long du Canal Saint-Martin et sur les voies sur berges. 

Il a rappelé que « la réussite du déconfinement passe par la prudence et le civisme de chacun. » Visiblement prudence et civisme n’étaient pas au rendez-vous. Comment pourrait-il l’être quand des sites, des élus et des messages sur les réseaux sociaux appellent à faire la fête dans les rues de Paris?


Le docteur Jacques Battistoni, président du syndicat de médecins MG France, estime quant à lui qu’il « va falloir être très prudents » ces prochaines semaines, car « le risque de revenir en arrière et de reprendre des mesures plus sévères » est réel.


Le ministre de la santé, Olivier Véran, en réponse à la Maire de Paris, Anne Hidalgo, qui voulait rouvrir les parcs parisiens, a dit craindre que les gens « ne respectent pas les groupes de dix et ne puissent pas respecter les conditions des gestes barrières« . Il a ajouté : « non, nous n’ouvrirons pas les parcs et jardins à Paris et en Ile-de-France ainsi que dans les autres régions qui sont classées rouges.« 

Le Réseau Vivre Paris ! remercie Christophe Castaner et Olivier Véran pour leurs prises de position responsables.


Du personnel soignant de l’hôpital de Mulhouse a appelé les Français à la responsabilité, après avoir vu les images de Parisiens réunis sur les bords du canal Saint-Martin pour profiter des premiers jours de déconfinement. On peut aisément comprendre leur réaction… Déconfinement: des soignants de l’hôpital de Mulhouse « révoltés » par les images de Paris

Vente de boissons alcoolisées à emporter par les bars – Alerte contamination Covid-19 les solutions

La vente à emporter de boissons alcoolisées se définit par une vente dans des verres jetables. Elle doit être distinguée d’un cas proche, mais juridiquement à séparer : celui de la vente de boissons dans des verres en verre destinées à être consommées debout par le client (non pas donc assis en terrasse, ce qui est encore un autre cas).


L’apparition ou la réapparition de ces modalités de vente et de consommation dans différents quartiers parisiens a précédé le déconfinement et augure de bien des difficultés à obtenir une reprise responsable et respectueuse de l’intérêt général de la vie « festive » et nocturne parisienne.


L’annonce faite par Mme HIDALGO d’offrir aux bars et aux restaurants l’usage de la voie publique comme vaste terrasse n’arrange rien, comme l’association Réseau Vivre Paris le dénonce.


Les commerçants se manifestent ici ou là pour prétendre qu’ils recourent à la vente à emporter pour sauvegarder leur commerce, y compris ceux qui ont de toute évidence fait auparavant fortune par cette modalité d’activité qui leur permet de décupler leurs ventes sans dépenser grand-chose (pas de droit de terrasse ni de salle, contraintes de services et donc de personnel allégées).


Pour le voisinage, dans les quartiers où la pratique sévit depuis des années de façon croissante, c’est une autre paire de manche : ils subissent de plein fouet les nuisances (bruit, déjections, encombrement des trottoirs) causées et décuplées par les attroupements d’une clientèle alcoolisée qui se répand partout dans le quartier, parfois très très jeune (on envoie les copains plus âgés acheter), sur-ajout de groupes qui viennent avec des boissons achetées ailleurs.


Avec la crise sanitaire COVID 19, on atteint une dimension nouvelle des risques de la vente à emporter destinée à être consommée sur la voie publique : celui de favoriser des foyers de contamination par absence de moyens de contrôler les comportements des consommateurs, surtout s’ils sont alcoolisés. Sur ce simple motif, l’association Réseau Vivre Paris en appelle au Préfet de police de Paris pour qu’il interdise la vente à emporter qui, pour l’instant est tolérée dans des proportions inquiétantes.


Quid des obligations des établissements et de la clientèle pendant et surtout après le confinement?


  1. – La vente de boissons destinées à être consommées par les clients debout dans des verres en verre est interdite, c’est ce que nous a toujours affirmé la Préfecture de police, même si, en pratique, elle ne mobilise pas ses agents pour verbaliser.
    Ce sont ici les établissements qui sont en infraction.


  2. La vente à emporter de boissons alcoolisées dans des verres jetables est un cas plus complexe.
  • Du point de vue des consommateurs,
    – pendant la période de confinement
    , l’illicéité était évidente.
    Consommer sur la voie publique des boissons alcoolisées constitue infraction puisque le consommateur n’est pas dans l’un des cas de sortie autorisée par la réglementation de crise. Les établissements sont les complices de cette infraction.

après le confinement, il n’y aura plus d’illicéité de principe dans les zones à partir du 11 mai, sous réserve :
– de ne pas consommer dans une zone régie par un arrêté d’interdiction (cf. ci-après à propos de la vente par les commerces)
– de respecter les gestes et postures barrières si leur respect est pénalement imposé par voie d’ordonnance ou par des arrêtés locaux.


  • Du point de vue des bars (ou restaurants),
    Leur déconfiment est retardé.
    En l’état la question de savoir s’ils peuvent-ils pratiquer la vente à emporter alors qu’ils doivent être fermés à l’accueil du public dans les murs ou limités à un service en terrasse n’a pas été tranchée par les autorités publiques, dont on constate les inégales tolérances dans les cas où la vente à emporter est pratiquée.
    Les commerçants soutiennent que les textes COVID 19 ne leur imposent pas une fermeture totale et que, donc, ils peuvent vendre à emporter.
    Il faut bien admettre qu’à défaut de texte spécifique qui ferait de toute forme d’activité une infraction, il n’est pas exclu qu’ils puissent vendre à emporter, mais pas sans conditions.


La vente de préparations culinaires ne semble pas faire difficulté : elle semble rester permise, sous réserve du respect des normes d’hygiènes de présentation des mets, de leur emballage, de leur présentation.


Concernant la vente de boissons alcoolisées ?


Quel est le cadre légal général tracé par le droit français ?
1/ En principe, la vente de boissons alcoolisées dans des verres jetables (ou canettes) est permise. À noter que des contraintes existent quant aux modalités de cette vente s’imposent sous peine de sanctions pénales du vendeur (V. encadré ci-dessous pour Paris).
2/ L’interdiction apparait si un arrêté préfectoral le prévoit pour un secteur géographique et des horaires déterminés.


Dans la période qui commence de déconfinement progressif dont l’objectif est de modérer la deuxième vague de la pandémie, quelles conséquences sont-elles à attendre de l’application de ces principes ?
1/ Dans les zones soumises à un arrêté d’interdiction, la vente à emporter d’alcool est impossible aux horaires prévus.
2/ En dehors des zones soumises à un arrêté, le principe de licéité ne peut être appliqué sans restrictions (qui s’ajoutent à celles mentionnées en encadré) :
En effet, eu égard aux risques indéniables de la consommation sur la voie publique d’alcool vendu à emporter, l’établissement vendeur pourrait être exposé au grief de mise en danger d’autrui s’il apparaissait que sa clientèle consomme sans respect des gestes barrière à la reprise de la pandémie.
En pratique, cette mise en cause se heurtera sans doute à certains obstacles de preuve. C’est pourquoi il est de la responsabilité des pouvoirs publics de se saisir de la question et de créer une règle d’interdiction (temporaire pour l’instant), qui pourrait venir par deux voies :
En fonction des risques particuliers créés par la consommation d’alcool vendu à emporter (risques qui s’ajoutent aux problèmes posés de toutes façons en dehors de ce contexte), il apparaît nécessaire que des règles spéciales d’interdiction soient en urgence établies.
L’interdiction pourrait être générale à toute la France par voie d’ordonnance spécifique COVID 19 du gouvernement.
Le gouvernement pourrait aussi étendre les pouvoirs des Préfets s’agissant de l’établissement des arrêtés locaux, afin de protéger ces derniers des recours en annulation.
A défaut de dispositions à l’échelle nationale (nous n’en avons pas trouvé), et sur le seul fondement du droit actuel éventuellement, les préfets de police, avec encouragement des Maires, il faut l’espérer, pourraient prendre des arrêtés d’une durée liée à celle des risques sanitaires pour assurer la protection des citoyens contre le risque de rassemblements propres à la vente à emporter d’alcool dans des verres jetables destinés à être consommés sur la voie publique.
La volonté politique est donc à l’épreuve. Un cas survenu dans une Région de France en période de confinement est à méditer : celui de la reculade d’un arrêté préfectoral d’interdiction qui voulait recouvrir la période de confinement, sur préconisation d’addictologues en référant aux risques de l’alcoolisation non assouvie. Aussi douloureuse soit la question de l’alcoolisme et exacerbés les risques de ses victimes, penser que les autorités publiques aient pu ou pourraient être amenées renoncer à contraindre les bars et restaurants à fournir de l’alcool à consommer sur la voie publique alors que le pays est en crise sanitaire COVID 19 est pour le moins dérangeant.
La crise sanitaire que nous traversons rappelle ainsi qu’il est vraiment plus que temps de rompre avec l’ambiguïté des politiques publiques relatives à la montée en puissance des pratiques addictives, avec donc la puissance des lobbies des alcooliers et brasseurs.
Tentons d’être optimistes et donnons crédit à la promesse faite par le Président de la République de tirer toutes les leçons de ce qui se produit.

Complément d’information sur les modalités de la vente d’alcool à emporter :
Obligation d’individualiser les contenants et de ramasser ceux qui sont abandonnés : les contenants utilisés par les bars du quartier sont non-conformes aux conditions réglementaires car non estampillés au nom du bar et ils ne sont pas ramassés par le vendeur lorsqu’ils sont abandonnés sur la voie publique (cf. article R 632-1du code pénal conjugué aux articles 2512-16 CGCT et à l’arrêté préfectoral du 10 janvier 1983, art. 1 et 2)
Horaire limité à 00H30 : la vente après 00H00 est interdite par l’article 1er alinéa 2 de l’arrêté n° 2010-00396 du 10 juin 2010, BMO n° 48 du 18 juin 2010

Non au projet d’Anne Hidalgo d’offrir les rues de Paris aux bars et restaurants

Mise à jour du 10 mai
Séoul ferme ses établissements nocturnes de peur d’une nouvelle vague du virus.
Les autorités locales à Séoul ont décrété la fermeture de tous les établissements nocturnes de la capitale sud-coréenne de peur que le nouveau foyer d’infection constaté dans son quartier branché ne génère une résurgence de l’épidémie de coronavirus, jusqu’alors jugulée.
Plus d’une vingtaine de nouveaux cas de contamination ont été rattachés à un homme de 29 ans testé positif après avoir fréquenté cinq clubs et bars le week-end précédent dans le quartier festif d’Itaewon.
Mme Hidalgo et M. Hocquard, lisez cet article sur le site de France Info.

Après avoir été décrite par ses propres équipes comme une véritable  « cheffe de guerre » pendant le confinement, Anne Hidalgo entreprend, à propos du déconfinement versus activités commerciales, d’offrir l’espace public comme lieu d’exploitation commerciale aux seuls bars dans une amnésie des limites que lui imposent ses fonctions et la période. 


A l’aune des théories néolibérales, l’équipe municipale initie ses annonces d’une façon surprenante : non pas en livrant aux citoyens les grandes lignes d’un plan qui embrasserait globalement la défense des intérêts du secteur économique, mais en focalisant directement sur la reprise des activités de tourisme dont les dernières mandatures ont exacerbé la dépendance financière de la Capitale de la France.


Au cœur du dispositif annoncé par la voie des médias, le Paris « festif », le Paris noctambule, les restaurants et… les bars et autres établissements où l’on peut consommer de l’alcool avec ou sans modération si l’on en réfère aux usages de l’avant-confinement.


Et pour redynamiser cette branche de l’économie touristique, le projet de piétonniser des rues entières et d’ainsi dédier l’espace public aux établissements qui disposeraient, sans paiement de droits d’occupation, d’une vaste terrasse afin prétendument de permettre de respecter les mesures barrières indispensables pour modérer la deuxième vague de propagation attendue du Covid-19 après le déconfinement.


L’association Réseau Vivre Paris ! a tous les arguments pour affirmer que ce projet de Mme Hidalgo est inacceptable :


  1. Englobant sans distinction aucune tous les bars et tous les restaurants des zones considérées, il fait l’amalgame entre d’une part des établissements connus pour être respectueux du cadre réglementaire de leurs activités et d’autre part des établissements manifestement « voyous » bien connus précisément dans les quartiers « festifs » : ceux  qui travaillent fiscalement « au gris », qui entravent la circulation piétonne, qui ont des installations sanitaires hors normes, qui ne tiennent pas compte du degré d’acoolisation de leurs clients, qui se moquent de troubler le repos légitime de leurs voisins et leur enjoignent de déménager plutôt de se plaindre des nuisances. 

  2. Limité aux bars et restaurants, ce projet rompt avec le principe d’égalité de traitement des commerces. Pourquoi en effet, les restaurants et les bars auraient-ils le monopole d’une concession prétendue exceptionnelle d’usage de la voie publique ? Pourquoi pas les commerces de vente qui pourraient, s’ils n’étaient pas réduits à réguler l’accès des clients dans leurs murs pourraient améliorer leur chiffre d’affaire ?

  3. Présenté comme un dispositif à caractère temporaire,  ce projet n’est rien moins qu’un stratagème destiné à faire passer en force – et pour inscrire définitivement – des orientations de la politique municipale contestées notamment par les associations de riverains que rassemble l’association Réseau Vivre Paris ! 

    1. Le projet présenté par Mme Hidalgo correspond à une vision déjà profondément ancrée dans les intentions de l’équipe municipale :

      1. Le développement d’un Paris ultra « festif » qui se montre comme tel  via une voie publique commercialisée et commercialisante qui en devient le désolant emblème. Plus d’économie touristique, non par le fait de plus de culture, mais par davantage de mètres carrés de restaurants-bars accaparant sur l’espace public et plus de temps d’activité commerciale puisque la nuit est l’une des nouvelles niches du capitalisme ultra libéral qui meut bien des sphères politiciennes.

      2. Ce qui s’articule avec le projet de piétonisation défendu officiellement par référence à la protection de la qualité de l’air et des nuisances liées aux bruits de circulation routière. 
        Donc, il faut s’attendre à ce que les rues dédiées aux bars et restaurants dans l’après-confinement le restent pour longtemps.

    2. Or, cette perspective est inacceptable :

      1.  L’exploitation anarchique de l’espace public sera rapidement  en totale contradiction avec les consignes de sécurité  requises dans cette période de pandémie, dans la mesure où les conditions d’activité des autorités pouvant contrôler les pratiques ne seront, elles, incontestablement pas améliorées en temps réel : ni pour les effectifs de la préfecture de police, ni pour la DPSP (dont les prérogatives de verbalisation sont au demeurant fort limitées), ni pour la direction de l’urbanisme de la Ville et autres agents municipaux. Pas d’amélioration non plus pour le traitement des procès-verbaux qui pourraient être établis : Ministère public asphyxié (d’autant plus que la réglementation sanitaire Covid-19 créera un pic de verbalisations par ailleurs), tribunaux débordés. Il n’y aura pas non plus de miracle concernant la rapidité  et le nombre des procédures de fermetures administratives relevant de la compétence de la Préfecture de police de Paris, si tant est que la perspective de telles mesures puisse être osée en ces temps de crise économique doublée d’une crise plus ancienne des priorités entre les intérêts sanitaires ou sociaux et les intérêts économiques.

      2. Avant le confinement déjà bien des quartiers étaient livrés à la loi des bars et restaurants, comme dans une zone de non-droit. Avec pour conséquence que les habitants voisins de ces quartiers souffrent depuis longtemps de nuisances et sont exposés à des risques concernant leur santé par le fait de cet environnement :
        1. Par le bruit qui envahit les domiciles, même avec des fenêtres à double-vitrage fermées, ce dont les mesurages réalisés par les capteurs sonores Bruitparif (dits « méduses ») témoignent clairement dans les quelques sites où elles ont été installées ;

        2. Par les déjections de toutes sortes qui jonchent les rues (penser à l’excrétion du Covid-19 dans les urines) ;

        3. Par les entraves à la circulation piétonne et les dangers pour la sécurité physique qu’elles représentent à des degrés divers pour les personnes valides ou à mobilité réduite, ainsi que le stress qu’elles provoquent.

Madame le Maire de Paris semble donc offrir au lobby du Paris festif un droit à polluer l’espace public sans aucune contrepartie environnementale ni consensus avec les attentes des riverains des zones touristiques de la capitale. Projet d’autant plus clairement inadapté dans  une des villes les plus denses au monde où les infractions et incivilités quotidiennes ont été régulièrement dénoncées. Devons-nous rappeler les restrictions complémentaires que Madame Hidalgo a mises en place pour des raisons environnementales durant le confinement ? Rappeler sa politique pour la protection de la qualité de l’air ? A qui profite le Paris festif répandu sur la voie publique ? Devrions-nous aussi rappeler qu’il existe aux côtés de la crise sanitaire, un risque d’attentats terroristes qui menace d’autant plus que l’on répand la fête dans la rue ?


Nous espérons que les Parisiens s’opposeront à l’exploitation en toute improvisation de leur espace public par des activités mercantiles, sans aucune contrepartie ni garanties de contrôles et de  traitement des infractions adéquats.  


Dans la période électorale actuelle, nous  espérons que la Préfecture de police et, par ailleurs, les maires d’arrondissements sauront montrer leur capacité à envisager concrètement le monde avec sagesse, objectivité et perspicacité. Nous espérons qu’ils se rangeront du côté des stratégies propres à privilégier le développement pérenne de l’économie parisienne. Ce y compris pour le secteur de la restauration et des bars qui doit être aidé, mais qui en contrepartie doit s’engager à respecter les intérêts divers qui composent la vie en société, dont des intérêts sociaux et humains qui sont pour la plupart consacrés comme droits de l’Homme et, pour ce qui concerne la protection des habitants face à une activité économique nuisible sur la voie publique, relèvent de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme.

Confinement et déconfinement Covid-19 à la Butte aux Cailles

L’association Les Riverains de la Butte aux Cailles, membre du Réseau Vivre Paris!, a rédigé une lettre ouverte que nous publions.

Lettre ouverte à M. Lallement Préfet de police de Paris, Mme Biundo, Commissaire central du 13ème arr., Mme Hidalgo, Maire de Paris et M. Coumet, Maire du 13ème arr. 

L’association Les Riverains de la Butte aux Cailles défend depuis plus de 20 ans les intérêts des victimes des nuisances liées à l’activité nocturne du quartier (sur l’ampleur de ces nuisances) et membre du Réseau Vivre Paris ! souhaite alerter les autorités publiques sur le point de vue d’un très grand nombre d’habitants concernant le processus de confinement et ce qui est attendu après le déconfinement.

Les « égarements » lors de la mise en confinement.  Nombre d’habitants du quartier ont regardé avec effarement et inquiétude les attroupements de clients devant les établissements au fur et à mesure que l’épidémie Covid 19 s’affirmait, puis la pandémie menaçait :
– Comment les clients pouvaient-ils prendre de tels risques dans ces contacts de masse rapprochés ?
– Comment les patrons des bars pouvaient-ils continuer de les abreuver notamment par la vente à emporter ?
– Comment accepter que la Butte aux Cailles soit un tel foyer de contagion y compris pour ses habitants, avec toutes ces urines déversées à même la rue ?

Pour toute réaction à l’ordre de confinement prononcé par le Président de la République, on a vu une soirée délirante d’attroupements auprès de bars qui ne respectaient pas l’ordre de fermeture. C’est alors la colère qui a gagné beaucoup d’habitants. Cependant que le président du conseil de la nuit nommé par Madame HIDALGO partageait sur les réseaux sociaux de l’empathie pour tous ceux qui se désolaient d’être obligés de se priver de… sorties dans les bars et autres établissements.

Le calme des nuits de notre quartier pendant la majeure partie du confinement. C’est ensuite le calme qui a saisi les habitants du quartier : les petits bruits du quotidien des voisins qui ont rompu l’anonymat, le rappel à l’ordre depuis sa fenêtre de celui qui a trop monté le son pour lui rappeler les limites d’un voisinage normal et donc l’affirmation d’un échange dans le respect mutuel ; le chant des oiseaux que l’on a pu entendre de sa fenêtre. Et, par-dessus tout, des nuits de vrai sommeil réparateur pour tous, y compris ceux qui ont télétravaillé ou ont continué d’aller travailler, les malades aussi.

Nous savons gré aux autorités publiques et notamment au commissariat du 13è et l’équipe de la DPSP d’avoir œuvré pour une obéissance aux contraintes du confinement aussi bien la nuit que le jour.

Personne évidemment ne se réjouit de ce qui a été la cause de ce calme retrouvé. LRDBAC est solidaire de tous les commerces dont le mode d’exploitation se veut respectueux de l’ordre public.

Mais LRDBAC est aussi, avec ses très nombreux adhérents et sympathisants, déterminée à obtenir que des leçons positives soient concrètement tirées de la crise sanitaire pour changer durablement les nuits de la Butte aux Cailles et trouver avec plaisir une animation raisonnable diurne.

La volonté politique de répondre à cet objectif reste à prouver après ces dizaines d’années d’abandon des habitants à l’enfer des bars. La volonté de la plupart exploitants de changer spontanément leurs pratiques n’a, elle, rien d’évident si l’on en juge par l’actuel retour de la vente à emporter de boissons alcoolisées dans le quartier, ce avant même la date officielle du début du déconfinement progressif :
– Parmi les premiers à la pratiquer, dès début avril, le tabac du quartier au 21 rue de la Butte aux Cailles (pas bar tabac, non, tabac tout court).
– Puis des restaurants-bars (le Mêlécasse 12 rue de la Butte aux Cailles et le Soyouz 11 rue de l’Espérance), vendant à manger et à boire (mais pouvant servir à boire sans manger).
– Et « Chez Mamane » 27, rue des Cinq Diamants annonce la vente à emporter à partir du 1er mai.
– On voit aussi beaucoup de mouvement à « La taverne de la Butte » 13 rue de la Butte aux Cailles  et au « Plug in café », 60 rue Gérard qui appartiennent au même propriétaire et a subi par le passé différents fermetures administratives.

D’autres suivront et très rapidement l’enfer des bars revivra à la Butte aux Cailles dans cette voie qui vise à contourner le processus de progressivité prévu. Ce pourquoi nous avons interrogé le commissariat et la Mairie (dont le service de la DPSP) le 25 avril sur les règles à respecter.

De lourdes responsabilités sont en jeu.

Les citoyens qui n’ont pas l’heur d’être soutenus par des lobbies économiques puissants veulent être pris en considération après cette crise qui a montré que c’est bien eux qui ont de multiples façons permis de limiter les inconvénients de la pandémie.

Notre message s’adresse aux bars et autres usagers du quartier. Mais il s’adresse, comme celui de l’association Réseau Vivre Paris ! formellement à ceux qui ont pour mission de veiller à contrôler les pratiques des commerçants et usagers de la voie publique : le temps des aberrations consistant à organiser ou laisser faire l’animation nocturne sur la voie publique est révolu. Depuis longtemps, notre association de quartier en appelle à un développement durable et donc en appelle à un développement économique qui se fasse tout à la fois dans le respect des droits fondamentaux des habitants du quartier (sommeil, repos, santé), des intérêts bien compris de la clientèle des établissements ou autres usagers du quartier (lutte contre l’alcoolisation et autres addictions dont le quartier est un foyer notoire) et celui de l’intérêt de la collectivité toute entière (bombe à retardement sociale et financière des troubles du sommeil ou addictions et de l’habitude de bafouer la Règle).

Les établissements doivent, pour ce qui les concerne, respecter la réglementation en tous points : jauge, horaires, salubrité, transparence fiscale et autres.  La vente à emporter doit être interdite comme modalité accessoire d’exploitation des établissements. Rien qu’avec  cela, nos nuits ne seraient plus perturbées autant que l’ont révélé les mesurages faits par les capteurs de bruit Bruitpaif dans la période qui a précédé le confinement (cf. lien en début de lettre et aussi reportage FR3).

Dans l’attente très attentive de vos réponses concernant l’orientation de vos politiques et les mesures concrètes prévues pour les appliquer, je vous prie de recevoir, Monsieur le Préfet de police, Madame la Maire de Paris, Madame la commissaire central et Monsieur le Maire d’arrondissement,  mes salutations les plus distinguées.


Anne PENNEAU, Présidente de l’association Les Riverains de la Butte aux Cailles

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